TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER PLUS ET FLAMBEE DES PRIX: PRECISIONS SOUVERAINISTES

Publié le par JEAN DU TERROIR

          Alors que, malgré la loi TEPA mettant en application le slogan "travailler plus pour gagner plus" qui a fait le succès de Nicolas Sarkozy à la dernière élection présidentielle, le pouvoir d'achat préoccupe toujours-et plus que jamais-les ménages français, il importe de rappeler le rôle néfaste de la flambée des prix actuelle dans certains secteurs qui neutralise l'impact de cette réforme.Or, il nous semble difficile de remédier à cela sans mise en application des idées souverainistes..
 
           Tout d'abord,cette préoccupation de pouvoir d'achat est née avec "l'euro fort", dont l'obsession anti-inflationniste n'a paradoxalement pas empêché cette inflation d'un genre nouveau qui s'attaque à nos produits de première nécessité. Remettre en question le statut de l"euro de la BCE constitue d'ailleurs une de nos principales priorités. En outre, alors que l'ouverture des échanges dans l'Union européenne a précisément rendu nos économies plus dépendantes des exportations, l'"euro fort" a cet effet de pénaliser ces dernières et de défavoriser ainsi notre appareil productif. 
Mais reconnaissons un instant que les ressorts mondiaux de cette inflation nous échappent, comme l'ont laissé entendre MM Sarkozy et Fillon récemment et admettons que l'excès de la demande par rapport à l'offre est désormais mondiale.
"Tout ce qui est rare est cher" paraît-il. Je propose de décliner cette fameuse formule à l'aide du postulat suivant: à partir du moment où, chez nous, nous consommons plus que nous produisons, n'est-il pas normal qu'un mécanisme inflationniste soit généré par ce déséquilibre?
Au niveau de notre pays, le mal réside bien dans la délocalisation de notre appareil productif agricole et industriel. 
En effet, les délocalisations s'expliquent en partie par le différentiel de coût de production entre pays occidentaux en général-et France en particulier"-et "pays émergents". Ces coûts de production s'expliquent par le niveau des charges sociales et le niveau de rémunération.
Concernant le niveau des rémunérations, nous sommes déjà entrés dans le "cercle vicieux" par lequel il semble difficile de les réduire car elles apparaissent déjà peu attractives en comparaison des "revenus d'assistanat" et surtout parce qu'elles constituent parfois un strict minimum eu égard à l'inflation actuelle...même si elles sont largement supérieures aux revenus des pays émergents
Concernant les charges sociales, outre que la solution passe par une logique de revitalisation et de valorisation du travail dont la mondialisation constitue-avec le niveau des prélèvements obligatoires et les défaillances du système éducatif-le principal obstacle, la pensée souverainiste propose une alternative simple: une "TVA sociale" consistant en des prélèvements sur les produits d'importation qui allègerait d'autant les charges salariales.
Cette correction du déséquilibre de coût entre produits d'importation et produits nationaux est d'autant plus nécessaire que l'inflation des produits d'importation est  inéluctable : il s'agit d'un rééquibrage mécanique liée à l'insuffisance de notre appareil de production et cela se produira dès que les pays bénéficiaires (asiatiques notamment) laisseront eux aussi s'installer l'inflation comme conséquence de la hausse de notre niveau de vie.
Outre que l'inflation traduit une insuffisance de l'offre par rapport à la demande, les produits d'importation sont inéluctablement aménés eux-même à se renchérir..
 
             Par délà la flambée des matières premières entretenue par le processus de délocalisation, la flambée des prix alimentaires traduit avant tout un déficit de denrées alimentaires.
La réforme de la PAC initiée en 1992 en est directement responsable car elle a institué des "quotas" limitant la production alimentaire sans faire prévaloir le principe de préférence communautaire. A travers le développement d'une agriculture productiviste au détriment de l'agriculture vivrière traditionnelle des pays du Tiers Monde, c'est donc l'autosuffisance alimentaire de nos pays européens qui se trouve aujourd'hui menacée, que seule une remise en culture des jachères peut enrayer. 
Même par rapport à d'autres Etats de l'Union européenne, la suppression des frontières avec des pays aux moindres coûts de production-faible niveau de vie, fortes subventions européennes et charges sociales d'un niveau moins exorbitant que chez nous- a contribué à mettre en difficultés certain pans de notre agriculture (ovins, fruits et légumes, bovins) ainsi que notre modèle agricole traditionnel (petite exploitation familiale), gage d'un certain équilibre économique, social et environnemental. 
Au niveau alimentaire, ce déséquilibre peut être compensé par de (très) bons circuits de distribution, ce qui sous-entend qu'il n'y ait pas trop d'"intermédiaires" (générateurs de marges et donc d'inflation) entre le producteur et le consommateur et qu'il y ait suffisemment d'offres concurrentes pour empêcher un abus de position dominante.
Sur ce deuxième point, le le projet de loi de "modernisation de l'économie" défendu par Madame Lagarde amène de réelles solutions. Mais l'encouragement indirect aux grandes surfaces au détriment des petits commerçants et producteurs indépendants peut amener à renforcer ce déséquilibre que caractérisent les intermédiaires et leurs fameuses" marges".
Le fait de favoriser une concurrence et de revoir le système des marges commerciales comme le prévoit le projet de loi de modernisation de l'économie peut sans doute aider à une certaine baisse des prix...à condition de ne pas générer une faillite du petit commerce et de l'artisanat qui dévitalisera certaines zones (les centre-villes, villages) et qu'elle n'entraîne pas une augmentation des produits d'importation moins chers mais...générateurs de délocalisations...
Cela est d'autant plus risqué que les classes moyennes urbanisées ou (rurbanisées) sont dépendantes de ces circuits de distribution de par leur difficultés compréhensibles à se fournir directement chez les petits producteurs..
Car il est naturellement plus facile de s'alimenter en zone rurale, dès lors  (et c'est le principal grief que nous faisons à la PAC ainsi qu'à l'OMC) qu'une certaine forme de polyculture vivrière y subsiste encore.


            La faillite du modèle agricole traditionnel, comme celui de l'artisanat ou de la petite entreprise enracinée qu'engendre le processus de mondialisation qui s'ajoute à la traditionnelle hypertrophie économique francilienne,  entraîne un profond déséquilibre dans l'aménagement du territoire-entre zones rurales désertifiées et zones urbaines congestionnées-  lequel déséquilibre est directement à l'origine de ces déséquilibres propices à un autre type d'inflation largement constitutif du pouvoir d'achat: la flambée immobilière.
Cette concentration s'avère en grande partie à l'origine de l'inflation spectaculaire observée ces dernières années dans les grandes métropoles et plus particulièrement en région parisienne..d'autant plus que la présence de populations déracinées dans certaines de ces banlieues rend ces dernières invivables pour les ressortissants des classes moyennes et, que, autre facteur aggravant, une partie des appartements parisiens sont aujourd'hui achetés par de riches étrangers sans aucun contrôle de notre part (d'ailleurs, l'achat étranger, principalement britannique, explique aussi à lui seul l'inflation immobilière dans certaines campagnes)..Il est évident que plus la part de budget des ménages consacrée au logement augmente, plus grande sera leur impression de perte de pouvoir d'achat. Or, c'est bien "l'excès de la demande sur l'offre" qui est régulièrement invoquée comme justification des prix exorbitants empêchant les Français des classes moyennes de se loger dans des conditions normales en région parisienne, au sein de laquelle ils ont pourtant le plus de chance de trouver un travail... 
C'est pourquoi les authentiques souverainistes, à savoir ceux-dont nous sommes- pour lesquels la dénonciation de l'Europe supranationale et de la mondialisation ne se justifie pas par la défense d'un Etat-Providence hypertrophié et centralisé-ont à coeur lorsqu"ils le peuvent de contre-balancer les effets de ces dernières en valorisant leurs "terroirs".
C'est tout le sens du combat de Chasse Pêche Nature Tradition dans le cadre de sa défense des terroirs et c'est aussi le sens de l'action du président du conseil général de la Vendée qui tente avec brio une application du souverainisme de terrain en défendant son département le modèle de la "PME enracinée'.
 
 
 
           Cette dernière analyse sur la structure de l'entreprise traditionnelle mérite une précision qui doit tenir à coeur tout militant souverainiste. Contrairement aux militants marxistes et/ou altermondialistes, nous défendons la valeur "travail" comme gage d'une France en quête d'une certaine autosuffisance-ce qui n'interdit pas des échanges contrôlés- et enrayer ainsi le processus inflationniste généré par le déséquilibre offre/demande qui en résulte.
Or, ce travail apparait aujourd'hui souvent dissocié du capital, du fait non seulement de la mondialisation mais de la détention de l'essentiel du capital des grandes entreprises par des fonds d'actionnaire anonymes.
Certes, l'introduction en Bourse-comme le prévoit le projet de loi pour les PME- peut permettre d'assurer à ces dernières un minimum de financement nécessaire à leurs investissements. Mais les actionnaires raisonnent en termes de profit à court terme et cela peut les conduire à différer des investissements indispensables au développement des activités de l'entreprise. C'est ainsi qu'apparaissent les mécanismes de spéculations qui en arrivent à faire mentir la célèble formule d'Helmudt Schmidt "les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain".  
Nous proposons deux solutions à cette dissociation capital/travail:
-l'encouragement des mécanismes d''intéressement associant les salariés à la réussite de leur entreprise qui donnerait ainsi une crédibilité fonctionnelle au "travailler plus pour gagner plus"
- la valorisation de la "PME familiale" enracinée où le patron s'inscrit dans une démarche de "développement durable" de son entreprise qui profite aussi aux salariés et au territoire d'implantation.
Ces deux axes de mesures nous paraissent indispensables pour réconcilier capital et travail, donnant ainsi sa pleine mesure à la logique du "travailler plus pour gagner plus".

              Ainsi, la valorisation du travail et l'amélioration du pouvoir d'achat impliquent une logique de revitalisation de notre apparail de production mettant fin au processus de délocalisation, une valorisation de la production agricole longtemps malmenée par une culture d'assistanat, la recherche d'un aménagement du territoire équilibré et une réconciliation du capital et du travail. 
En ce sens, le souverainisme libre et enraciné que j'ai l'honneur de représenter ici constitue une alternative inéluctable, afin que la valorisation du travail initiée par le gouvernement  Fillon comporte réellement des effets en termes de pouvoir d'achat.
Gageons qu'un certain nombre de membres de l'actuelle majorité présidentielle s'en rendront compte avant les élections européennes et soutiendront ainsi les listes souverainistes en vue du renouvellement du mandat des élus au Parlement européen. 
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J
Merci jeff.<br /> <br /> Sinon, il faut savoir que l'inflation n'apparait pas systématiquement dès que l'activité augmente, c'est le cas dans des agglomérations congestionnées ou sur des marchés à fort déséquilibre entre offre/demande.<br /> <br /> Mais si on parvenait à encourager un peu l'activité dans des terroirs désertifiés...
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J
Et je rappelle que, malgré la crise et la désinflation (qui ne touche en fait que les bulles spéculatives), les prix alimentaires n'ont toujours pas baissé.<br /> Bravo!
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J
Cher José,<br /> <br /> dans cet article, nous évoquons justement le problème structurel que constitue la déconnexion entre le capital et le travail dans nos économies contemporaires.<br /> <br /> Or, le lien avec la crise actuelle est évident.<br /> <br /> Même si cette crise favorise une certaine désinflation qui constitue a priori un bienfait.
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J
Cet article n'est plus trop d'actualité!
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P
pour ramener le sujet à sa dimension globale, il est évident que la construction européenne sous sa forme actuelle accompagne la mondialisation qui favorise structurellement un alignement des revenus par le bas.<br /> <br /> Si la préférence communautaire était au moins respectée, la casse serait limitée.
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