DROITE ET EUROPE:DE NECESSAIRES ECLAIRCISSEMENTS

Publié le par JEAN DU TERROIR

DROITE ET UNION EUROPEENNE :

DE NECESSAIRES ECLAIRCISSEMENTS

 

La nette victoire du NON au referendum sur le projet de Constitution Européenne s'explique selon la presse officielle par l'importante mobilisation de l'électorat anti-libéral d'extrême-gauche.

Pourtant, une analyse plus fine sur l'ensemble du territoire national montre que les résultats du scrutin sont essentiellement dus au vote de la "France profonde", celle des campagnes et des terroirs, traditionnellement considérée comme conservatrice. Il s'est donc bien manifesté un NON d'une frange de la droite authentique, que les "élites" franciliennes (celles des quartiers huppés de PARIS ou de banlieue Ouest) ne représentent plus guère!

Il importe d'expliquer en quoi ce rejet de la Constitution Européenne, et plus généralement de la construction européenne sous sa forme actuelle, s'explique aussi par des griefs liés à d'authentiques valeurs de droite.

Il convient de constater que les valeurs traditionnelles normalement incarnées par la Droite ne se retrouvent en rien dans le projet avorté de Constitution Européenne, pas plus que les institutions de l'Union Européenne.
En effet, le refus de toute référence chrétienne dans la Constitution Européenne, certes exigé par la Turquie comme préalable à son adhésion, est une preuve parmi d'autres de l'orientation résolument laïciste de ses tenants, qui s'apparente plutôt à une certaine forme de jacobinisme.

Et l'affaire BUTIGLIONE met également en exergue une tendance libertaire de type "néo soixante-huitarde" (il n'est pas étonnant de voir Messieurs COHN-BENDIT et DELANOE parmi les principaux partisans du OUI) qui cherche à s'imposer dans l'Union Européenne de manière tout à fait totalitaire. Les dirigeants français ne sont d'ailleurs pas en reste, tendant à profiter de la construction européenne pour imposer leur laïcisme aux nations catholiques telles que la Pologne ou l'Irlande, notamment concernant la législation relative à l'avortement.

Les valeurs liées à l'attachement aux racines et à la défense de la nation sont, elles aussi, totalement bafouées par la forme actuelle de la construction européenne, visant jusque les pouvoirs régaliens eux-mêmes, qu'il reviendrait plutôt à la Droite de défendre.

Par exemple, les accords de SCHENGEN, qui se sont traduits par la suppression des contrôles aux frontières, ont conduit à un abandon total des prérogatives des Etats dans le domaine fondamental de la lutte contre l'immigration (comme si les littoraux espagnols ou italiens, de même que les plaines d'Europe centrale constituaient des frontières sûres), mettant en danger notre cohésion nationale. La constitution européenne allait d'ailleurs jusqu'à déposséder les Etats de leur politiques de sécurité et de défense, de par la " communautarisation " des piliers P.E.S.C ("Politique Européenne de Sécurité et Défense") et J.A.I. ("Justice Affaires Intérieures").

Il semble en réalité que l'argumentation de la fausse droite en faveur de la construction européenne repose sur la diminution des phénomènes de bureaucratisation et d'assistanat caractéristiques de la France, qu'elle est censée amener...

Pourtant, force est de constater que l'Union Européenne n'a pas du tout, loin s'en faut, amené une diminution de l'assistanat et de la bureaucratisation alors que, en revanche, des pans entiers des forces vives du pays (industries, agriculture) semblent avoir disparu. Et le phénomène se serait probablement étendu aux services si l'article 144-III du projet de Constitution européenne, fondement de la directive BOLKENSTEIN (= possibilité pour le prestataire de services d'origine estonienne d'adopter le droit estonien plutôt que le droit français tout en travaillant sur le sol français) était aujourd'hui en vigueur. Comment s'explique-t'il?

Tout d'abord, l'Union européenne - qui pourtant interdit les investissements stratégiques dans les industries d'avenir - ne diminue en rien le phénomène d'assistanat. Pour des raisons diverses, celui-ci a d'ailleurs continué à se développer sur notre territoire, à travers la prise en compte du chômage de masse et de l'immigration massive, deux phénomènes largement amplifiés par l'Union Européenne.

Par ailleurs, l'UE se traduit en elle-même par une structure bureaucratique, de par l'importance de sa structure administrative naturellement, les 15000 fonctionnaires de la Commission de Bruxelles suffisent pour en témoigner, comme par l'étendue de ses champs d'intervention, souvent au mépris élémentaire du principe de subsidiarité. La violation de ce dernier se caractérise par l'inflation normative (les tailles réglementées des concombres ou des nains de jardins en constituent des exemples caricaturaux) et s'appuie sur les arrêts de la Cour de Justice des Communautés Européennes qui, faisant systématiquement prévaloir le droit communautaire sur les droits nationaux, rendent vaine toute réaffirmation de ce principe.

L'Union Européenne développe par ailleurs deux politiques de type socialisant, aux frais des contribuables, que sont la P.A.C. et les fonds structurels. La P.A.C. a effectivement permis - au prix d'un productivisme effréné à l'origine de bien des problèmes d'ordre écologique ou sanitaire, et du développement d'une concurrence déloyale importante - un certain développement de l'agriculture. Cependant, les réformes récentes, notamment le " découplage " entre production et primes, ont instauré un certain type d'assistanat, d'autant plus net que la P.A.C. avait justement rendu les agriculteurs davantage dépendants des primes versées. Quant au système des fonds structurels, qui se traduisent par un système de redistribution artificiel, mais coûteux, des recettes du budget communautaire au profit des régions défavorisées, il pourrait bien mener l'Europe à la faillite si la politique d'élargissement vers l'Est et le Moyen-Orient[1] se poursuit. Et, comme le budget communautaire s'alimente à partir des budgets nationaux, on voit mal comment dans ces conditions mener des politiques d'allègement de la fiscalité et des charges des entreprises.

A coté de ces rigidités bureaucratiques, l'Union européenne développe effectivement une politique de libre-échangisme effréné qui sert sans doute de justification à ses partisans libéraux. Il n'est naturellement pas question de contester la nécessité d'une certaine concurrence bien dosée, gage de la liberté d'entreprendre. Mais celle-ci ne saurait s'appliquer à bon escient que dans une zone répondant aux mêmes caractéristiques de droit et de coût de travail, ce qui n'est pas le cas concernant les différents pays européens, d'où le phénomène de délocalisations. Cela est d'autant plus grave que ce phénomène correspond à une logique mondiale (comme l'indique l'article 314-III du projet de Constitution européenne sur la restriction aux échanges internationaux). La mondialisation du processus amplifie la tendance à la spécialisation économique de certaines régions qui en découle et renforce d'autant le risque de "chocs asymétriques".

La structure des multinationales (détenues par des actionnaires qui, contrairement aux patrons de PME, sont peu soucieux des investissements et projets de moyen terme et y préfèrent une rentabilité "d'usure" à court terme), accroît encore la déconnexion entre prospérité économique et prospérité du CAC 40). QUE SERT ALORS A MONSIEUR SARKOZY DE PRONER UNE NECESSAIRE REVALORISATION DU TRAVAIL (évidemment malmenée par la socialisation excessive de l'économie française) S'IL REFUSE DE S'ATTAQUER A CETTE  MONDIALISATION DE L'ENTREPRISE QUI CONCOIT LE TRAVAIL COMME UNE CHARGE?

On assiste ainsi à la faillite de régions et de secteurs entiers de l'activité socio-économique, paralysés par le cumul du libre-échangisme et de la bureaucratisation.

Il est frappant de constater, à travers la construction européenne que le libre-échangisme à l'échelle internationale, semble constituer dès lors le seul combat de la droite gouvernementale, ayant abandonné toutes les valeurs de la droite traditionnelle et authentique.

JE DEMANDE DONC AUX ELUS SOUVERAINISTES DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE D'EFFECTUER LE MAXIMUM DE PRESSIONS SUR MONSIEUR SARKOZY POUR QU'IL RETIRE SON PROJET DE MINI-TRAITE SIMPLIFIE QUI VIOLERAIT LA VOLONTE DES ELECTEURS DE DROITE QUI SE SONT OPPOSES AU TRAITE CONSTITUTUEL EUROPEEN LE 29 MAI 2005...et qui, abusés par les tromperies de ce dernier (je pense notamment à son discours critique sur l'euro incompatible avec le reste de son programme), lui ont fait confiance.

Jean du Terroir

[1] : il convient de rappeler que le projet de Constitution européenne ne prévoyait plus de limite géographique à ce dernier, rendant d'ailleurs possible l'intégration de la Turquie dans l'Union européenne. [retour au texte]

Publié dans EUROPE SUPRANATIONALE

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